Croisade pour l’allaitement
C’est le 4 octobre 97, CE SAMEDI, que ça se passe! L’activité que nous avions prévue le 9 août dernier a du finalement être reportée. Si comme plusieurs, vous étiez en vacances et déçues de ne pouvoir y participer… eh! bien réjouissez-vous, car c’est ce samedi, le 4 octobre, que nous investissons le Carrefour Laval. Nous diffuserons le programme de sensibilisation à l’allaitement élaboré par la ligue La Leche en collaboration avec Santé Canada et destiné aux restaurants et aux magasins de détails. Nous vous rappelons que ce programme s’intitule : « Bienvenue au bébé allaité, n’importe où, n’importe quand. »
Nous nous rencontrerons à 10hre AM devant la boutique Le MAGASIN qui se situe tout de suite à votre gauche en entrant par la porte no.6 (les entrées sont très clairement indiquées!) Le Carrefour Laval est situé dans le quadrilatère formé par les rues : Boul. le Carrefour, Boul. Daniel Johnson, l’autoroute Laval (440) et l’autoroute des Laurentides (15). On peut s’y rendre aisément en autobus, à partir du métro Henri-Bourassa. Vous avez deux options : l’autobus no. 60 (départ du métro à 9h ou à 9h30) ou l’autobus no. 53 (départ du métro à 8h40 ou 9h40) vous n’avez pas à correspondre, ces deux autobus vous mènent directement au Carrefour Laval en une trentaine de minutes. Attention ne descendez pas au Centre Laval, mais bien au Carrefour Laval!
Au plaisir de vous y rencontrer… SVP confirmez votre présence.
Avis de renouvellement
Plusieurs d’entre vous avez entre les mains les derniers numéros de La Bulle et de La Bulle Flottante auxquels vous donnait droit votre cotisation annuelle. Vous devez donc renouveler votre abonnement si vous désirez toujours être membre et recevoir vos bulletins. Votre renouvellement est essentiel afin de permettre au Groupe MAMAN de poursuivre sa mission. Si cette situation vous concerne, vous trouverez ci-joint votre avis de renouvellement.
Dossier : « À l’aube de la légalisation »
L’heure du bilan Un appel de nos sages-femmes
par Céline Lemay, sage-femme
Au nom des sages-femmes oeuvrant dans les projets-pilotes
Au mois de novembre prochain, les sages-femmes des projets-pilotes du Québec vont se réunir pendant plusieurs jours pour mettre en commun les expériences qu’elles ont vécues, en faire une synthèse et surtout créer un consensus autour d’éléments fondamentaux concernant la profession sage-femme (caractéristiques de l’identité et de la pratique).
Si les sages-femmes veulent garder les femmes au coeur de leur profession, elles doivent alors mettre au coeur de leur bilan le bilan des femmes : celles qui ont accouché avec des sages-femmes. Nous voulons entendre le positif, le moins positif, l’essentiel, le précieux, les nuances de femmes et d’hommes, les inquiétudes au sujet du futur de la profession, les questions qu’il vous reste… Vous allez ainsi contribuer à créer une profession qui devra toujours rester sensible à vos besoins et un jour, à ceux de vos filles et de nos filles.
La réponse du Groupe MAMAN
…les femmes s’expriment
Nous vous invitons à répondre à cet appel des sages-femmes et surtout, à mettre toutes les chances de notre côté pour que la pratique des sages-femmes, une fois légalisée, corresponde encore à ce que nous désirons, comme elle a toujours correspondu aux besoins de ces femmes qui ont accouchés dans la clandestinité et qui ont lutté pour que nous ayons l’opportunité de reprendre possession de nos accouchements.
Mireille Bouffard, membre du GM, a initié un projet de groupes de discussions qui devraient se dérouler dans chaque région où se trouve une maison de naissance. L’échéancier est très serré, les sages-femmes ayant besoin de notre rapport pour le début du mois de novembre. Les discussions se dérouleront dans les semaines du 13 et du 20 octobre; un pré-test aura lieu le 1er octobre à 19hre à la Maison de naissance du CLSC Lac St-Louis, à Pointe-Claire. Les coordonnatrices de toutes les maisons de naissance ont en main l’information nécessaire à l’organisation de ces groupes (Mireille a fait un travail formidable! un gros merci Mireille) ainsi qu’un guide d’animation incluant les thèmes à aborder et des questions suggérées.
En bref, les coordonnatrices de chaque projet-pilote auront besoin d’une personne responsable et d’une animatrice pour voir à la réalisation de ce projet. Évidemment, des participantes et participants devront être recrutés… Alors si vous désirez collaborer d’une quelconque façon, communiquez avec la coordonnatrice de votre maison de naissance.
Celles qui désirent participer au pré-test du 8 octobre, communiquez avec Mireille le plus rapidement possible. En passant, il n’est pas nécessaire d’avoir accouché dans une maison de naissance pour participer, seulement d’avoir eu recours aux services d’une sage-femme. (LG)
Pourquoi l’accouchement à la maison est essentiel…
…pour celles qui ne veulent pas y accoucher!
par Isabelle Brabant, sage-femme
Auteure de « Une naissance heureuse »
L’accouchement à la maison sera probablement toujours le choix d’une minorité de femmes et de leurs conjoints. À cause de cela, la lutte pour qu’il soit permis et reconnu dans le système de santé peut paraître aux yeux de certaines comme un peu secondaire… d’autant plus que les maisons de naissance existent! Mais cette bataille signifie beaucoup plus pour toutes les femmes.
D’abord, si le principe derrière l’apparition des maisons de naissance est d’offrir une alternative à l’hôpital conventionnel, ou d’accéder à la demande de certains groupes de femmes, on comprend combien cela rend leur existence précaire. Dans un contexte de coupures budgétaires (cruelles mais incontournables), on imagine facilement la logique qui conclurait, dans les circonstances, qu’on ne peut se permettre ce luxe. Pour ce qui est de la pression des groupes de femmes, il suffit qu’elle se relâche un peu, occupée ailleurs, pour ne plus suffire à justifier qu’on y accorde de l’importance. On pourrait facilement fermer les maisons de naissances, ou freiner leur développement… et retourner à la case départ.
Le principe qui doit demeurer la base de l’accessibilité aux différents lieux de naissance est le choix des femmes (je signale que dans cette discussion du choix de lieu de naissance, le mot « femme » comprend aussi son partenaire quand elle en a un). C’est le seul principe qui reconnaît que la naissance appartient aux femmes, à leur famille. Et tous les soins en périnatalité doivent découler de ce fait. Sinon, c’est impossible d’empêcher les institutions de reprendre les rênes, lentement mais sûrement. De dicter les façons de faire, subtilement ou non. De décider, encore une fois, de ce qui est bon pour nous. De s’approprier l’événement de la naissance de nos enfants et de détourner à son avantage, selon ses intérêts, le sens même de son déroulement. Et je serai très claire: quand je dis « institution », ça inclut aussi les maisons de naissance. Parce que c’est dans la nature même des institutions d’être plus imposantes que les individus. Parce que quand vous venez accoucher à la maison de naissance, c’est la sage-femme qui est sur son territoire à elle, pas vous. Et ça finit par compter.
On voit ici apparaître l’autre raison pour laquelle l’accouchement à la maison est indispensable dans le paysage de la périnatalité: la plupart d’entre vous avez connu la pratique des sages-femmes dans une Maison de naissance, un lieu d’accouchement qui vous est probablement apparu comme une alternative attrayante à ce que l’hôpital peut offrir. Il y a une trèsbonne raison à cela: c’est que les services des maisons de naissance ont été conçus par des sages-femmes qui avaient une longue expérience de l’accouchement à la maison. En fait, nous y avons transposé, le plus fidèlement possible, notre pratique à la maison. Pourquoi? parce que c’est celle qui vient directement des femmes et de leurs conjoints.
Je ne sais plus combien de fois je me suis fait demander, dans mes années de pratique à la maison, par des gens dans le système médical: « Comment places-tu les femmes pour la poussée? » Les femmes qui choisissent d’accoucher chez elles riraient bien d’une telle question. Elles accouchent chez elles justement pour faire les choses à leur manière! Ce sont nous, les sages-femmes, qui sommes sur leur territoire. Par exemple, comment pourrions-nous interdire à quelqu’un de manger dans sa propre cuisine? Ou lui dire qui inviter chez elle, et à quelle heure? Dans la chambre même où le bébé a été conçu, les sons, les odeurs, les objets familiers rappellent à chaque instant à cette femme qui cherche une position, un souffle, un appui sur son chum, que cet accouchement fait bien partie de sa vie à elle. Elle ne se déplacera pas, ni pendant le travail, ni quelques heures après, avec un petit bébé tout neuf: ce sont les sages-femmes qui viendront la retrouver dans le nid qu’elle s’est fait pour accoucher.
Mais accoucher chez soi n’est pas qu’une question de confort: c’est aussi et surtout une vision différente de la responsabilité et de la sécurité. Il n’y a pas d’institution présente qui crée cette illusion « qu’on s’occupe » de ce qui doit être fait. La responsabilité est celle des parents, d’abord et avant tout. Je suis toujours désolée d’entendre des parents me dire qu’ils sont contents d’accoucher à la Maison de naissance parce qu’ils ne se seraient jamais senti en sécurité chez eux. Je leur signale alors que la seule pièce d’équipement que je ne transporterais pas dans ma valise… c’est la lampe chauffante! Tout le reste fait partie de l’équipement qu’on apporte à la maison. Mais le fait qu’on puisse voir les armoires rangées, qu’on se déplace dans un lieu appelé « Maison de naissance ».. je ne sais pas ce qui crée ce sentiment que là, ce n’est pas pareil. Parce qu’il n’en est rien: nous sommes toujours en dehors d’un hôpital, et il faut prévoir un transfert si une complication s’annonce…dans les deux cas. Ce qui fait que l’accouchement sera sécuritaire dépend d’un ensemble d’autres facteurs que les quatre murs de la Maison de naissance.
Tout cela fait que, si nous voulons que la naissance de nos enfants demeure cet événement extraordinaire qui nous appartient, c’est vital que l’accouchement à la maison soit le modèle. Que la façon d’être présents à un accouchement pour les professionnels, l’équipement à y apporter, l’organisation des services, que tout cela prenne modèle sur l’accouchement à la maison. Attention: je ne veux pas dire que celles qui accouchent chez elles sont dans une classe au-dessus des autres, ou que ces accouchements-là sont toujours les plus beaux. Mais dans leur diversité, dans leur simplicité, dans leur concordance parfaite avec les parents eux-mêmes, ils doivent être notre source d’inspiration. Sinon, les maisons de naissance deviendraient rapidement des versions ameliorées de l’hôpital, c’est-à-dire l’envers de la démarche logique : c’est l’hôpital qui doit tendre a imiter la maison, non le contraire. C’est pour cela que Les Sages-femmes du Québec veulent que toutes les sages-femmes assistent régulièrement des accouchements à domicile, pour assurer qu’elles n’oublient jamais l’essence de leur profession.
Et c’est aussi pour cela que les femmes du Québec (et les hommes qui les aiment) doivent se battre pour l’accouchement à la maison… même si elle ne comptent pas y accoucher elles-mêmes.
Votre voix est importante
par Anne-Michèle Fortmann
membre du Groupe MAMAN
À l’aube de la légalisation des sages-femmes, votre voix est importante plus que jamais, car les scénarios les plus sombres peuvent encore être envisagés. En effet si les sages-femmes sont assimilées par les milieux hospitaliers, le contexte de maladie, les compressions budgétaires et l’esprit cartésien de ces institutions ne permettront pas aux futures usagères de profiter de l’écoute, de la sensibilité et de la disponibilité des sages-femmes comme elles le peuvent en maisons de naissance. Comme on sait que les médecins veulent encadrer les sages-femmes au sein des hôpitaux, il faut trouver en nous un second souffle pour se faire entendre et être servies comme on le désire.
En effet, les sages-femmes ne peuvent se battre seules et elles ont besoin de sentir que nous désirons un service bien différent que ce qui est offert en milieu hospitalier et qu’on ne les laissera pas se faire assimiler par le Collège des médecins. Saviez-vous qu’à chaque fois que vous prenez le téléphone pour appeler une autorité gouvernementale, votre appel en vaut cent, et si vous envoyez une lettre, aux yeux du gouvernement, elle représente 1000 personnes qui pensent comme vous. De plus, avec seulement trois lettres reçues sur un sujet précis, le gouvernement ouvre un dossier. Alors votre effort vaut beaucoup plus qu’une goutte dans un verre d’eau, allez-y, appelez ou écrivez!
Les pages des membres
Les suites de l’article paru dans Châtelaine
Le numéro du mois d’août de Châtelaine publiait certaines des lettres reçues en réaction à leur article : « Maisons de naissance, accouchements à risques? » Sur quatre lettres, trois étaient positives et une négative. On peut y lire des extraits de la lettre du GM que nous vous présentions dans la dernière Bulle Flottante; un extrait de la lettre de Naissance-Renaissance Sherbrooke; une lettre de Renée Landry, membre du GM et celle de Renée M., une cliente insatisfaite. En voici un bref aperçu :
Votre article a déclenché dans notre équipe de travail de nombreuses discussions, des réactions de colère, d’incompréhension et le sentiment d’être trahie par le seul magazine qui, pendant des années, a défendu avec vigueur les femmes, leur corps, leurs choix, leur vie.
Il y aura toujours des conséquences et des fins malheureuses à certains accouchements, quels que soit l’endroit où l’on choisit d’Accoucher. Remet-on en question l’ensemble de la profession médicale chaque fois qu’un de ses membres se fait pointer du doigt?
Anne-Marie Poirier
coordonnatrice
Naissance-Renaissance Sherbrooke
À la lecture de votre article, j’ai revécu la mauvaise expérience de mon accouchement minute après minute. Mais contrairement à Femke (l’une des femmes interviewées), je ne retournerais pas à la maison de naissance pour une deuxième grossesse.
Renée M.
Ile-Bizard
J’ai moi-même accouché à la maison de naissance du CLSC Lac-Saint-Louis. Je me suis sentie respectée par les sages-femmes bien plus que par tout autre professionnel de la santé que j’ai consulté dans ma vie. Dans une situation d’urgence (le cordon était enroulé serré autour du cou de mon bébé), elles ont réagi d’une façon impeccable, sans aucune panique ni hésitation. Je me suis sentie en parfaite confiance et en parfaite sécurité.
Renée Landry
Montréal
D’autres membres du GM ont écrit à Châtelaine et nous ont envoyé copie de leur lettre. En bref :
Cet article, qui en passant est chargé de jugements et de fausses informations, dépeint la pratique des sages-femmes comme un questionnement qu’il faut encore se faire, plutôt que de reconnaître que depuis vingt ans, aucune corporation professionnelle, aussi puissante soit-elle, n’a pu faire reculer le mouvement de reconnaissance des sages-femmes.
Citer un gynécologue anonyme qui fait peur en disant qu’une femme peut mourir suite à une hémorragie est un argument irresponsable et alarmiste, indigne d’une journaliste professionnelle. A-t-elle omis de dire que les sages-femmes font face à cette situation dans le cours de leur pratique et qu’elle sont équipées et habilitées à répondre à une telle urgence. Je vous demande de ne pas contribuer à cette guerre froide que mènent les corporations médicales, mais plutôt d’embarquer dans la marche merveilleuse des femmes qui se lèvent et travaillent ensemble, pour leur santé, pour leur choix et pour l’amour de leurs enfants. « Naître en famille, librement et en santé », c’est là le titre d’un prochain colloque que j’organiserais si j’en avais le mandat.
Lyne Castonguay, usagère
mère de deux enfants nés à la maison
et d’un troisième en cours de route…
Le Comité des usagères du Centre de Naissance de l’Estrie a été choqué par votre manque d’objectivité dans votre article. Tout d’abord, avez-vous déjà rencontré des femmes satisfaites, joyeuses, épanouies et fières d’être mère? Avez-vous fréquenté des maisons de naissance? Avez-vous « baigné » dans l’atmosphère d’une complicité entre la sage-femme, le couple et le bébé? Sincèrement nous pensons que non. Nous pensons que votre opinion sur les Centres de maternité était déjà fondée bien avant d’écrire votre article et vous laisser planer le doute que les sages-femmes mettent en danger la santé et la vie de la mère et de l’enfant.
Nous voudrions conclure en vous disant que c’est vous qui avez oublié les femmes dans votre article et c’est bien dommage car les sages-femmes méritent plus qu’une reconnaissance, elles méritent leur profession en toute liberté. Et nous, les mères, nous méritons de choisir notre accouchement pour nous et pour nos enfants.
Véronique Cibert
pour le Comité des usagères
du Centre de Maternité de l’Estrie
J’ai trouvé désolant dans l’ensemble le ton de l’article intitulé «Querelle médecins sages-femmes. Et les femmes dans tout ça ? » (juin), qui insiste davantage sur les problèmes que sur les expériences positives vécues par les familles dans les maisons de naissances. Les maisons de naissances ce n’est évidemment pas le miracle et la perfection. On n’y garantit pas des accouchements et des naissances parfaits. Mais, à l’hôpital non plus. J’apprécie pouvoir envisager donner naissance à mon enfant dans un environnement où je me sens en sécurité non seulement au plan médical mais aussi aux plans psychologiques et affectifs. Dans ce lieu de naissance, je ne suis pas considérée comme une cliente parmi des centaines d’autres ou comme un «cas intéressant » en raison du risque présenté par ma grossesse.
L’article de Marie-Claude Bourdon me donne aussi le goût de vous mentionner un autre fait important. Avec ma sage-femme, que ce soit dans son langage ou dans son attitude, je n’ai jamais senti d’animosité de sa part à l’égard des médecins. Par contre j’ai été témoin de l’inverse. J’en ai tellement été bouleversée qu’à partir de ce moment, je me suis mise à dissimuler mon choix aux médecins avec qui, pour une raison ou une autre, j’ai dû entrer en contact au cours de ma grossesse. Dans ce débat, pour moi une chose est certaine : il est facile de distinguer ceux ou celles qui me rendent libres de ceux ou celles qui me traitent avec autorité.
Andrée Rivard
Saint-Nicholas
Nous venons d’avoir un enfant à la maison des naissances du CLSC Lac-St-Louis. Lorsque nous avons lu votre article « Maison de naissance, accouchements à risque? », nous avons eu l’impression que vous veniez d’une autre planète. À notre avis, vous avez donné une place trop importante à des histoires marginales. Est-ce pertinent de soulever publiquement le cas de Louis-Xavier atteint de paralysie cérébrale avant que les tribunaux s’y arrêtent en présentant qu’un seul côté de la médaille? Nous avons un enfant handicapé nous pouvons vous témoigner comment cette épreuve est difficile à accepter, surtout dans une société où la nature ne devrait pas nous faire faux bond. Il faudrait aussi considérer que la plupart des enfants atteints d’une paralysie cérébrale sont nés dans les hôpitaux. Dans un souci d’information juste et non de sensations fortes, nous aimerions que vous reveniez sur le sujet.
Mireille Bouffard & Michel Dumas
Laval
Grand merci à toutes celles qui se sont donné la peine d’exprimer leur opinion. Comme on dit, ça ne tombe pas dans l’oreille d’un sourd! (LG)
Khalil naît chez lui
par Cynthia Lisée, Montréal
Vice-présidente du Groupe MAMAN
Je crois que la famille est le fondement de la société et je suis convaincue que l’accouchement naturel est l’un des moyens qui aide la famille à se bâtir une structure saine. Le fait d’avoir mis au monde mon second fils chez moi ancre davantage cette conviction. Khalil est né, le 2 août, entouré de l’amour de ses parents, il est né dans le lieu où sa mère, son père et son frère s’aiment tous les jours. Khalil est tout simplement arrivé chez lui.
Dès l’instant où il nous a rejoint, notre famille a pu commencer à s’adapter à son nouveau quotidien. Notre famille s’est rassemblée autour d’un événement, notre tissu familial s’est trouvé renforcé par un événement: l’accouchement. Un acte normal de trouver extraordinaire comme je l’ai vu dans les yeux de mon fils aîné mais extraordinaire dans sa normalité comme mon conjoint et moi l’avons vécu au sein de notre demeure, dans la continuité de notre quotidien.
Un bel héritage
par Chantal Mougenot, St-Jérôme
Quelle joie pour Michel et pour moi, d’avoir pu offrir à Davy et Yoann, nos deux aînés (17 ans et 13 ans), la chance de voir naître leur petit frère Boris, 3 ans et Camille 8 mois. Les deux touts petits sont nés à la maison, dans une atmosphère calme, sereine et paisible. Boris a aussi eu cette fabuleuse chance de voir naître Camille; à 2 ans et demi, tout est un peu confus, troublant mais extraordinaire. C’est une merveilleuse aventure qui nous unit les uns aux autres. C’est le témoignage de la Vie, la Naissance, quel beau partage et quel bel Héritage!!! Je vous prie de recevoir mes chaleureuses pensées.
Accoucher ou se faire accoucher
par Lyne Rajotte, St-Janvier
J’ai une amie qui a accouché il y a quelque temps cette année, soit en 1997. Cet accouchement a eu lieu dans un hôpital et elle est fort satisfaite des soins reçus. À un moment de notre conversation elle dit: « Le médecin qui m’a accouché… ». Ce dernier l’a vu moins de dix minutes et le travail de la mère a duré une quinzaine d’heures. « Le médecin qui m’a accouché… », cette phrase résonne, résonne… Que pense-t-elle avoir fait les 14 heures 50 minutes précédant la naissance? Être dépossédée de son propre accouchement en bout de course, dans les toutes dernières minutes, quand la joie arrive enfin. J’aurais aimé qu’elle me dise « Le médecin qui m’a aidé à accoucher… », déjà son accouchement lui appartiendrait un peu plus. Même que mon espoir le plus fou est de me faire dire « Le médecin présent… » comme on dit « l’infirmière présente… ». Souvent ces dernières font beaucoup plus que le médecin et on ne songe pas à leur accorder le crédit de notre accouchement. Allez! Allez! Je garde espoir. Longue vie au Groupe MAMAN… ou plutôt vie éphémère souhaitant que notre lutte ne soit plus nécessaire parce que menée à bien.
Chroniques d’Afrique
Maternité essoufflée
par Josée Cardinal, Guinée-Bissau
Voici mes réflexions (après avoir passé 4 1/2 ans dans le Tiers-monde: Afrique, Asie et Antilles) sur « comment vivre la maternité aujourd’hui sans s’essouffler ». Quel est le portrait du parent d’aujourd’hui en Amérique du Nord?? Je vais tracer, en guise de prologue, un scénario un peu noir; mais même s’il est caricatural, il a son importance car il tisse la toile de fond pour examiner dans quel contexte l’on vit (généralement) la maternité de nos jours.
Sauf exception, le parent est une personne adulte dont les besoins essentiels de base ont été niés dès sa naissance. La naissance médicalisée (et surtout la mentalité de l’époque) a donné le ton pour commencer une suite de comportements parentaux dont le dénominateur de base est la séparation d’avec le bébé. Les besoins essentiels du bébé n’ont pas été comblés. Pensons aux centaines de millions de bébés ayant été privés du sein de la mère, de sa chaleur sécurisante et nourrissante tant pour le corps que pour l’âme. On commence à peine à réaliser l’ampleur des dégâts au niveau social.
L’Occident est caractérisée par le fait que les gens ne réalisent pas encore qu’on ne peut pas amputer une fonction biologique (dans ce cas-ci, l’allaitement) sans qu’il y ait de conséquences. Personnellement, je crois que la majorité des graves problèmes sociaux de notre époque trouvent leur racine dans le manque de démonstration physique d’amour du parent pour son enfant. Cette traumatisante carence affective subie par le petit bébé humain, dans la mesure où elle n’est pas conscientisée, l’empêchera une fois devenu parent de se sentir vraiment disponible. Sa propre souffrance muette, causée par un maternage inadéquat lorsqu’il était bébé puis petit enfant, et refoulée pendant des décennies, lui causera ensuite de grandes difficultés à se sentir vraiment disponible pour son propre enfant. Par conséquent, l’adulte dont les besoins fondamentaux non pas été comblés dans la petite enfance ressent encore le besoin de recevoir de l’amour plutôt que d’en donner… Son besoin insatisfait est devenu insatiable.
Par ailleurs, les gens d’aujourd’hui vivent de manière de plus en plus individualisée. La devise semble être l’autonomie à tout prix; l’indépendance est un idéal à atteindre soi-même et à inculquer à nos enfants dès le plus bas âge. D’ailleurs, une des raisons pour se séparer de l’enfant est justement de lui apprendre à ne pas être dépendant. Demander de l’aide, dans ce contexte n’est pas toujours bien vu. La peur de déranger, ou pire, d’être jugé « dépendant » ( c’est-à-dire incapable) est omniprésente.
Le modèle de la famille élargie (trois générations vivant près les uns des autres) étant délaissé et les gens faisant généralement moins d’enfants, il arrive très souvent qu’un jeune adulte ne connaisse à peu près rien des enfants. Il existe en Amérique des nouveaux parents qui n’ont pour ainsi dire jamais tenu un enfant dans leur bras avant le leur. Parallèlement à cela, les adolescents et jeunes adultes de notre société vivent dans une très grande liberté, avec généralement très peu de responsabilités familiales et sociales. Cette insouciance, relativement grande, est considérée dans notre société comme un privilège et même un droit. Le choc des responsabilités arrive donc avec la naissance du premier enfant, avec tout ce que cela cause comme bouleversement dans le mode de vie.Ainsi, le contexte actuel dans lequel se vit la maternité occidentale est particulièrement difficile et explique pourquoi elle peut paraître de plus en plus lourde pour les nouveaux parents.
Concrètement, quelles sont les solutions que je pourrais alors suggérer à un futur parent pour qu’il se prépare au plus gros rite de passage de savie? Voici quelques idées:
1. Initier une réflexion en profondeur sur ce que sont exactement les besoins fondamentaux du bébé. Cela implique une remise en question de la façon dont nous avons été materné, avec la constatation qu’il y a certains comportements à réviser absolument, à la lumière de ce que nous savons maintenant. Pour certains cela signifie l’expression peut-être pour la première fois des sentiments refoulés face aux carences plus ou moins grandes qu’ils ont subies de la part de leurs propres parents, paradoxalement sous le prétexte que « c’était pour leur propre bien ». Cela permettra aux parents de trouver en eux assez de compassion pour répondre convenablement aux besoins exigeants et incessants de leur bébé. Ceci implique également de s’informer très sérieusement sur l’allaitement, qui est l’outil gracieusement fourni par la nature pour materner adéquatement le bébé humain. Il est assez difficile de s’occuper d’un autre être sans en plus se priver de ce que la nature dans sa grande sagesse a prévu pour nous aider! Garder le bébé près de soi (le porter, dormir avec lui, etc) est une conséquence logique de l’allaitement à la demande et est à la base d’un maternage heureux. Aussi, choisir de ne pas allaiter peut entraîner une série de complications (plus ou moins graves) tant physiques que psychologiques; ce fait fort bien documenté est pourtant encore beaucoup trop occulté de nos jours.
2. Trouver des solutions créatives et personnelles pour remplacer la famille élargie. Les êtres humains sont faits, d’après moi, pour vivre en communauté (plus ou moins grande), et il faut tenter de la recréer artificiellement. Un réseau de mères ou parents avec des intérêts et des préoccupations semblables est essentiel pour assurer un bon lien parent-enfant. Le modèle d’inter-dépendance (et non pas de dépendance) est à privilégier: il faut apprendre à savoir demander de l’aide sans honte puisque c’est fondamentalement normal d’avoir besoin des autres. Il faut revoir en profondeur notre conception à ce sujet. Il peut être intéressant de réaliser que le mari est malheureusement très souvent appelé à remplacer toute la famille élargie qui n’est plus disponible au quotidien. Il est irréaliste de croire qu’il pourra à lui tout seul y arriver; un fardeau excessif qui explique bien des chicanes de couple. Il ne faut pas oublier que le mari a lui aussi des limites de disponibilité émotionnelle à cause de sa propre enfance. Donc, le couple discutera de ces aspects, mais sagement demandera de l’aide extérieure. Il faut apprendre à ne pas penser que le couple pourra toujours et en tout temps se débrouiller tout seul. Les échanges de service (avec d’autres couples, avec des membres de notre famille ou avec des amis) sont la soupape qui peut aider considérablement les relations conjugales (ce dont le bébé bénéficiera). Le fait de s’occuper des enfants 24 h sur 24, 7 jours par semaine, avec 100% de la responsabilité retombant sur les épaules des seuls parents est un phénomène unique en Occident. En principe, ce n’est pas humain. J’y reviens au point 5.
3. Fréquenter les maisonnées où il y a des bébés et des petits enfants. Il est important pour les jeunes adultes de se familiariser avec la réalité parentale avant d’avoir ses propres enfants. Idéalement, avant de devenir parent, il faut très bien connaître les bébés des autres! Ceci se fait naturellement dans les pays où la vie communautaire est omniprésente.
4. Croire de toute son âme que l’enfant a absolument besoin de démonstrations physiques d’amour, de tendresse, d’affection, de toucher, et que cela ne lui donnera pas de ces caprices dont on entend tout le temps parler. Au contraire c’est ce qui l’aidera à vivre pour le restant de ses jours. Il est primordial de savoir écouter son coeur et de donner, en abondance, un amour inconditionnel et gratuit. C’est sur cette base que la discipline se fera. La toile de fond sera dessinée pour desrelations humaines heureuses et permettra une société essentiellement plus chaleureuse.
5. Réfléchir par ailleurs sur le privilège (ou le luxe?) que nous avons dans notre société, avant le mariage, d’avoir relativement peu de responsabilités (à part s’occuper de nous-mêmes). Je crois qu’il serait utile de s’interroger honnêtement sur le juste équilibre entre nos droits et nos devoirs. Dans les pays où l`on vit selon le modèle de la famille élargie, les enfants grandissent en participant à la vie communautaire. Ceci ne signifie pas ôter toute l’insouciance de l’enfance! Mais simplement, le petit enfant, graduellement, selon ses capacités, est amené à devenir un maillon essentiel de la grande chaîne, à prendre une part active au travail général. Ses tâches sont importantes tant pour la communauté que pour lui et il prend plaisir à ce qu’on apprécie son travail. Sa participation grandissante fera, en fin de compte, qu’il n’aura pas le choc de se re-trouver parent avec, du jour au lendemain, de soudaines responsabilités pour lesquelles il est peu préparé et qui peuvent lui semblé très lourdes. C’est là que ce trouve l’équilibre à rechercher: dans une continuité. Comme toujours, il y a partage de tâches; la compensation pour le travail fait dans la jeunesse se trouve rétablie lorsqu’on devient parent à son tour. Les autres membres de la famille de la même génération (ou même de celle des grand-parents) sont présents, et aident, d’une façon plus naturelle et équilibrée, les parents dans leur nouveau rôle. Dans cette ligne de pensée, il n’est pas étonnant que l’on aime, plus tard, s’occuper des personnes âgées, et que cela soit fait le plus naturellement du monde, comme allant de soi. Car c’est dans l’ordre des choses…
En conclusion, le problème de l’essoufflement des parents occidentaux est à mon avis directement relié au fait que ceux-ci souffrent d’un isolement très grand, parfois sans en avoir réellement pris conscience. On ne peut désirer ce qu’on ne connait pas! Faisons un parallèle avec l’accouchement à l’hôpital: il devrait être abordé en tenant compte de ce qu’est un accouchement naturel à la maison, qui doit être le point de référence et le guide pour définir ce qu’est la normalité dans le domaine de la naissance (même à l’hôpital). De même, je considère qu’une maternité normale se vit dans une communauté où l’entraide, le support constant et le partage des tâches se fait naturellement. Si on ne vit plus ainsi, je ne crois pas que cela devrait être considéré comme étant normal ou inévitable. Il faut essayer de retrouver l’essence de la normalité, par des solutions de rechange. La maternité vécue dans un contexte approprié (communautaire) doit nous guider pour faire les réajustements qui s’imposent.
Cet isolement au quotidien qui entoure ici les parents a des conséquences qui ne sont pas perçues et cela nuit aux relations parent-enfant. La maternité ou paternité n’est alors pas vécue comme elle le pourrait (si la norme est ce qui se vit dans les pays du Tiers-Monde), et peut alors devenir extrêmement pesante. Cette étouffante sensation de solitude sociale dans un milieu devenu progressivement individualiste à l’extrême, engendre des dépressions plus ou moins importantes, un sentiment intense d’insuffisance ou d’incompétence parentale, peut-être du ressentiment face à l’enfant, parfois l’impression de vivre de l’esclavage, et souvent la sensation de devoir sans cesse nier ses propres besoins. Le faible taux de naissance n’est donc pas surprenant!
Pour vivre une maternité-paternité moins essoufflante, il est important que les parents reconnaissent avec justesse leurs propres besoins (qui sont bien réels, mais parfois non conscientisés) et cherchent du mieux possible à les combler. Et cela, tout en gardant à l’esprit qu’il est fondamental de répondre prioritairement aux besoins immédiats et impératifs de l’enfant! Une réflexion sur le besoin que nous (les parents) avons des autres et sur le besoin intense qu’a le bébé de ses parents, peut nous amener à adopter un mode de vie qui bénéficiera aux deux parties. C’est un défi de taille dans notre monde individualiste actuel.
Dossier : Allaitement
Manifestation pro-allaitement : enfin un peu de militantisme!
par Josée Cardinal
pour le Groupe MAMAN
Le 28 juillet dernier, au Palais des Congrès de Montréal, avait lieu ledernier congrès IUNS (Union internationale des sciences de la nutrition).Cet important événement était malheureusement en partie financé par des fabricants d’aliments pour nourrissons (dont le lait artificiel). De la même manière qu’il serait très incongru de voir un congrès sur le cancer des poumons financé par des producteurs de tabac, il a semblé révoltant pour différents groupe pro-allaitement de voir un congrès parlant de santé et de nutrition infantile se laisser commandités par des compagnies peu scrupuleuses qui font passer leurs bénéfices commerciaux avant le droit à la santé des enfants.
Selon UNICEF, une enquête menée en 1996 par 27 ONG (organisations non-gouvernementales), dont Save the children, a réuni bien assez de preuves pour justifier un boycott international des firmes comme Nestlé, Gerber, Mead Johnson et Wyeth, pour en nommer quelques unes, qui justement commanditaient ce congrès de nutrition à Montréal! Dire qu’à ce congrès on doit justement discuter de la meilleure nutrition possible pour les humains…
En réaction à cette situation plutôt choquante, WABA (World Alliance for Breastfeding Action, de Malaisie) en collaboration avec INFACT-Québec (Infant Feeding Action Coalition) a donc décidé d’organiser une manifestation devant le Palais, en invitant les médias à une conférence de presse. Le Groupe MAMAN a eu l’honneur d’être invité à participer à cette manifestation. Ainsi, Lysane Grégoire, Cynthia Lisée et moi-même avons pu rencontrer en personne les représentants des principaux organismes internationaux (dont IBFAN-International Baby Food Action Network et La Ligue Internationale LA LECHE) impliqués dans la promotion et le support de l’allaitement.
La veille de l’événement, nous avons participé à une réunion stratégique en vue de nous concerter avant la conférence de presse et de peaufiner notre message de dénonciation. Notre première rencontre internationale! En gros (nous devons résumer ici!), nous avons parlé des compagnies qui enfreignent impunément le code international de commercialisation des substituts du lait maternel. Ce code n’est pas une loi, mais adopté par 50 pays, il demeure un code d’éthique. Le bafouer, par des pratiques commerciales agressives, équivaut à miner tous les efforts pour protéger l’allaitement maternel et cela est inacceptable. Par un hasard extraordinaire, la veille de la manifestation, le journal La Presse a publié un excellent reportage dans son cahier Santé, intitulé » Le lait maternel, 100% naturel! ». Cela tombait à pic!
Tout de même, nous trois avons pu constater qu’il reste encore un énorme travail de sensibilisation et d’information à faire auprès de la population, en attendant que notre gouvernement respecte ses engagements quant à la promotion de l’allaitement (qui est une priorité nationale de la santé publique et un objectif de la politique de périnatalité québécoise).
L’argent de l’industrie des substituts du lait maternel
Au juste, c’est quoi le problème?
Extraits d’un document préparé par Elisabeth Sterken
Directeure nationale chez Infact Canada
(Infant Feeding Action Coalition)
traduction libre par Lysane Grégoire
Voici quelques exemples du tort créé par le financement intéressé des compagnies fabriquant des substituts du lait maternel.
- Recommandation de la SCP (Société Canadienne de Pédiatrie) de fermer les banques de lait maternel au Canada. Malgré que l’accès au lait humain soit essentiel à la survie de certains bébés aux besoins élevés (bébés prématurés ou souffrant par exemple d’insuffisance rénale, d’intolérance alimentaire, de retard de croissance, de septicémie ou d’allergies sévères), en 1995, le comité sur la nutrition de la SCP, recommandait d’abolir les banques de lait au Canada. Cette décision a été maintenue malgré les demandes pressantes de la renverser de la part des experts du domaine de la nutrition et malgré l’expansion des banques de lait dans d’autres pays industrialisés (Europe, États-Unis). Cela signifie, que les médecins canadiens n’ont plus la possibilité de prescrire du lait maternel ce qui pourrait se traduire par la mort de bébés pour qui la disponibilité de lait maternel serait indispensable.
- Participation des associations professionnelles au marketing direct des substituts du lait maternel. Le code international de commercialisation des substituts du lait interdit la promotion directe aux femmes enceintes et aux nouvelles mères. Malgré cette interdiction, la SCP a endossé une publicité du lait Carnation (Nestle) dans le magazine Châtelaine. Récemment, la SCP concluait une alliance avec Mead Johnson et incluait unelettre d’appui, signée du vice-président Victor Marchessault, dans un emballage cadeau contenant des échantillons de lait artificiel. La lettre déclarait : « Comme tous les parents, vous avez d’innombrables questions concernant la santé et la sécurité de votre bébé. C’est pourquoi la Société Canadienne de Pédiatrie est heureuse de s’associer à Mead Johnson Canada pour vous communiquer des informations sur les soins essentiels à prodiguer aux bébés. » Dans une entrevue avec Michelle Lansberg, chroniqueure au Toronto Star, Marchessault admettait que la SCP avait reçu de l’argent pour cette promotion.
- Redéfinition des directives d’alimentation du nourrisson pour réaliser des objectifs de marketing. Dans le cadre d’un partenariat entre la SCP et la compagnie Ross, un feuillet de quatre pages a été produit. Le feuillet s’adressait aux nouveaux parents et traitait de la diarrhée infantile, ce qui n’est pas vraiment un problème au Canada ou les taux d’allaitement sont à la hausse. Le feuillet ne fait aucune mention a l’effet que l’allaitement est le meilleur moyen de prévenir la diarrhée. De plus, on y définit la diarrhée par la production d’une ou deux selles liquides alors que les bébés allaités ont habituellement les selles plus liquides que les bébés nourris au biberon… ce qui peut se traduire par une erreur de diagnostic pour les parents du bébé allaité. Le feuillet prescrit l’utilisation du Pedialyte (un produit Ross) comme étant letraitement idéal.
- Participation à des recherches visant à soutenir les allégations publicitaires des fabriquants de substituts du lait maternel. Les scientifiques oeuvrant dans la recherche en nutrition infantile ont reçus des fonds substantiels de compagnies telles que Nestle, Mead Johnson, Ross Laboratories et Heinz afin d’effectuer des recherches sur la performance de leur produits. Les allégations publicitaires des fabriquants de substituts du lait maternel sont généralement tendancieuses; on utilise des citations scientifiques afin de susciter la confiance envers un produit « nouveau et amélioré ». Le but ultime est d’en arriver à un avantage commercial. Un exemple récent est celui de la publicité de Ross qui prétendait que leur produit procurait des bénéfices semblables au lait maternel. Les études citées rapportaient des tests sur des groupes de bébés, mais ne faisaient aucune comparaison avec des groupes de contrôle de bébés allaités. Le compétiteur Mead Johnson, se sentant lésé, a déposé une poursuite devant la cour de l’Ontario, demandant une injonction sur ladite publicité. Après une analyse exhaustive des documents présentés en défense par Ross, le juge a rendu sa décision en faveur de l’injonction et ordonna à Ross de retirer ses publicités « offensantes ».
Femmes et enfantementSagesse dans la culture Inuit
Extraits recueillis par Lysane GrégoireJ’ai lu ce merveilleux livre écrit par Rose Dufour, anthropologue, et publié par Les Éditions Papyrus. L’auteure décrit les phénomènes reliés à la maternité chez trois groupes de femmes inuit avant l’implantation du système de médecine moderne, c’est-à-dire au début de ce siècle. Je vous en livre ici quelques extraits. Les citations en italiques sont des propos de femmes inuit.Les signes de la grossesse. – C’est ici que commence à se révéler la très grande connaissance qu’a la femme Inuit de son corps, de son fonctionnement, de ses limites. Parce qu’elle connaît bien son corps, il lui est facile d’interpréter les signes qu’il émet. Le premier signe et le plus évident est l’aménorrhée, l’absence de menstruation. Déjà à la fin du premier mois, elle commencera à suivre l’évolution de sa grossesse. Elle palpe son abdomen pour sentir et découvrir que son utérus est « plus petit que le poing, comme un oeuf, aussi petit que l’oeuf du canard eider. À ce moment, tu sais en palpant ton utérus, que tu es enceinte. »Être enceinte. – La femme enceinte jouit d’un grand prestige dans la communauté. Son alimentation doit être abondante et variée, crue ou cuite selon ses goûts et ses désirs. Il n’existe aucune contrainte alimentaire durant cette période. Si elle n’a pas chez elle ce qu’elle désire manger, elle n’a qu’à exprimer son souhait qu’on essaiera de satisfaire. L’importance de l’alimentation de la mère pour la santé et la croissance de l’enfant est clairement établie. Pendant sa grossesse, la femme a peu de contraintes liées à des interdits. La grossesse, en effet, est l’antithèse de la restriction : c’est l’abondance, comme si les droits de la femme étaient multipliés pendant cette période. Elle doit plus fréquemment faire l’amour avec son mari pour former le bébé et le faire croître, excluant les autres hommes du groupe (ce qui ne joue pas dans le sens d’un tabou ou d’une interdiction, mais plutôt dans le sens du renforcement d’une activité). La femme continue ses activités de couture, de cuisine, de cueillette, de pêche, de maternage, etc., comme elle en a l’habitude. Elle ne doit toutefois pas exagérer, ni augmenter ses activités car les travaux trop durs pourraient la faire saigner (et donc prolonger la gestation) ou même provoquer un avortement spontané.Demeurer vigilante et active. – Les attitudes et les comportements de la mère doivent inciter l’enfant à naître rapidement : on souhaite que le travail soit bref, la naissance rapide. Une naissance rapide est synonyme de normalité. Pour enfanter rapidement, la femme et son mari doivent être vifs dans tout ce qu’ils font. La femme enceinte est toujours la première à se lever et à aller à l’extérieur et c’est ce qu’on lui a fait pratiquer dès son enfance. Une autre pratique veut prévenir la rétention placentaire. « Quand les femmes sont enceintes, elles ne doivent pas rester assises trop longtemps. Elles doivent s’occuper. Elles ne doivent pas rester assises toute la journée, pour empêcher le placenta de rester collé dans l’utérus. »L’autonomie des femmes lors de l’accouchement. – Ce sont les contractions de l’utérus qui sont l’indication définitive du désir de l’enfant de quitter sa demeure utérine. Des douleurs sont liées à l’enfantement. L’intensité des douleurs peut s’expliquer par la naissance d’un fils qui est parfois vue comme plus douloureuse. Pendant la période de travail, au cours des différentes étapes de la dilatation et de l’effacement du col utérin, la femme ne doit pas rester à attendre les douleurs. Elle doit plutôt marcher et s’activer. Il n’est pas facile de préciser en heures la durée du travail. Ce qui certain, c’est que des durées de huit ou douze heures, toute une journée ou toute une nuit, sont considérées comme des exemples de travail long, trop long même. Plusieurs répondantes considèrent que trois heures est la durée habituelle.Dans la société ancienne, les femmes d’Iglulik enfantaient seules. Cependant, une autre femme plus âgée et expérimentée veillait en allant et venant entre son habitation et l’igloo d’accouchement (ou, selon la saison, la tente montée spécialement pour l’événement) pour l’encourager, la guider et s’assurer que le travail progressait et se déroulait normalement. Toutefois, en cas de nécessité, aide et assistance étaient apportées à la femme accouchante. Mais, en raison de la vie nomade de l’époque, il est arrivé à la plupart des femmes d’accoucher toutes seules. L’apprentissage de la femme-qui-aide se fait par l’observation de l’accouchement, de son déroulement, de ce qui se fait et dit par l’accouchante et par la femme-qui-aide. Pour exercer ce rôle, il est préférable d’avoir soi-même donné naissance et d’avoir atteint une certaine maturité.Les positions de l’accouchante. – C’est de préférence sur une peau de caribou que la femme inuit enfantait. Pendant la dernière phase du travail, lorsque les contractions atteignent leur maximum d’intensité et que l’enfant pousse pour sortir, la mère explore différentes positions. Les trois positions qu’elle prend répondent à sa recherche du bien-être, pour favoriser la descente de son enfant et diminuer la douleur. La première position est la position accroupie; la seconde consiste à s’étendre sur le côté en remontant le genou de la jambe extérieure; la troisième est la posture agenouillée avec un gros coussin constitué de peau de caribou et de deux piquets fichés au sol. On ne connait pas de cas où se soit produit une déchirure du périnée. « on nous disait que le muscle ne déchirerait pas parce qu’il est très élastique et qu’on ne devait avoir aucune crainte. » Une répondante de Kuujjuak m’a dit son grand étonnement lorsqu’elle a vu pour la première fois une Qallunaat (les Inuits nous appellent ainsi, c’est-à-dire « gens aux sourcils épais ») enfanter, car celle-ci était étendue sur le dos. Elle lui a suggéré de s’agenouiller, plutôt, ce qui a diminué ses souffrances. De nombreuses années plus tard, c’est sa propre fille qu’elle voit accoucher, à l’hôpital, dans cette même position absurde : couchée sur le dos! Elle en conclut que c’est là, décidément, la façon d’enfanter des Qallunaat.Miksiaq : le cordon ombilical. – Ce n’est qu’après la sortie du placenta que sera coupé le cordon ombilical. Et même alors, il faut attendre un peu afin d’avoir la certitude que l’enfant ne perdra pas de ce précieux sang fourni par la mère.Les soins au nouveau-né. – Il est nettoyé à l’aide de peaux de lièvres et soigneusement examiné. Puis, il est chaudement enveloppé dans une peau de caribou. La coutume interdit la couture anticipée des vêtements pour l’enfant à naître et prescrit à la femme-qui-aide de lui en fabriquer dans les jours suivants. En attendant, il sera enveloppé dans une peau de lièvre et la mère le portera sur sa poitrine à l’intérieur de l’amauti (vêtement conçu de telle façon qu’il n’avait pas besoin d’être modifié en cours de grossesse; son génie de conception permettait à l’enfant de passer du dos de sa mère à l’avant pour y être allaité sans sortir à l’extérieur, l’enfant passait sous le bras de sa mère), plus tard, il sera installé dans la poche dorsale du même vêtement.L’allaitement maternel. – Le sein est offert à l’enfant dès sa naissance. La symbiose mère-enfant est rétablie et le nouveau-né reçoit le colostrum, c’est-à-dire le liquide qui précède le lait. « Le nouveau-né recevait de sa mère ce premier lait qui ressemble à de l’eau dans laquelle il y aurait de la graisse. Le lait devient blanc plus tard. Déjà après une journée, la mère a plus de lait et l’enfant s’alimente plus facilement. » La mère allaitera son enfant jusqu’à ce qu’elle constate qu’un autre enfant se forme en elle. Alors, elle amènera l’enfant à se sevrer. Si aucune autre grossesse ne s’amorce, l’enfant pourra être allaité jusqu’à l’âge de deux ans et parfois même trois ans. Toutes les femmes connaissent l’effet contraceptif de l’allaitement maternel.Le post-partum et les relevailles. – Après avoir donné naissance dans un igloo ou une tente d’enfantement, la femme devra y demeurer seule avec son enfant et y vivre séparée de son mari, de sa famille et de la communauté tant que les lochies s’écoulent, pendant environ un mois lunaire, soit une vingtaine de jours. Le pouvoir qui émane d’elle est si puissant qu’il lui est même interdit de regarder à l’extérieur de son habitation. Le mari peut venir visiter sa femme, mais « il ne peut s’asseoir avec elle » et les relations sexuelles sont prohibées. Pendant sa réclusion, le femme doit se reposer. Tout au plus, peut-elle effectuer quelques travaux de couture et elle ne peut coudre que pour elle-même. Ainsi, les conditions maximales de repos lui sont assurées. Son mari et ses enfants ont été pris en charge le plus souvent par la mère ou la belle-mère.Conclusion. – La femme inuit se charge d’elle-même, est responsable d’elle-même et cette responsabilité n’est pas transférable. Elle apprend à se connaître de l’intérieur et non par l’utilisation d’une technologie extérieure. La responsabilité familiale et collective, loin de se substituer à celle de la femme, apporte à cette dernière ce qu’elle ne peut pas se procurer elle-même. Il en va de même pour la femme-qui-aide. Elle joue un rôle de support et d’assistance, tant est vraie cette phrase de Cournoyer : « La femme qui ne s’aide plus, ne peut plus être aidée » (1986). Par ailleurs, la culture inuit se montre très soucieuse de la mère, toutes les prescriptions vont dans ce sens. Le corps de la femme n’est pas sacrifié aux seules fins de la reproduction. Pendant la grossesse on se préoccupe de la mère, à qui on veut épargner les douleurs d’un enfantement long et on s’applique à la garder en vie. À l’accouchement, s’il y a danger pour la mère et pour l’enfant, c’est la mère qui sera sauvée. La dernière image que nous donne la culture inuit de la femme est celle de l’autonomie et de la confiance dans sa capacité d’enfanter. L’enfantement est une synergie qui associe la mère et son enfant. Les femmes inuit accouchent plus facilement que nous! Pourquoi? Parce que les conditions qui font de l’événement une réussite sont réunies.L’expérience des femmes inuit montre l’évidence : c’est la femme qui accouche et qui doit savoir quoi faire et comment le faire. Si elle peut être aidée, c’est d’abord sur elle-même que l’accouchante doit pouvoir compter. Les annonces classées de La Bulle FlottanteAPPEL À TOUTESNous avons l’ingrat devoir d’insister auprès de vous afin d’obtenir le plus de participation possible. Les projets débordent au GM et l’avenir de la naissance au Québec a besoin de vous. Comme on l’a déjà mentionné, chaque petit effort compte dans cette mission qui nous tient à coeur. Notre folle vie trépidante nous laisse pour la plupart bien peu de temps… mais si vous décidez de vous investir un tant soit peu dans, vous en retirerez une grande satisfaction, celle de faire une différence pour que de plus en plus de femmes puissent donner naissance à leur enfant en toute autonomie. Nous vous invitons toujours à une réunion du CA, ce qui vous aidera à trouver la voie d’implication qui vous convient le mieux. Notre prochaine réunion a lieu le 10 octobre à 9hre AM à la Maison de Naissance Côte-des-Neiges. Pour les membres en régions, nous avons également des suggestions… un simple coup de fil de votre part, voilà votre premier pas.RECUEIL DE TEMOIGNAGES…Notre devise « obligée » ressemble à « tranquillement mais sûrement »… Une première partie des témoignages a été entrée sur ordinateur par Annie Gauthier, membre du GM. De son côté, Carine Guidicelli, également membre et éditrice à la Maison d’édition Éco-Société, a pris à sa charge de recontacter toutes celles qui s’étaient dites intéressées à partager le témoignage de leur grossesse et de leur accouchement. Plusieurs en sont encore à mettre la touche finale à leur manuscrit. Si ce n’est déjà fait, les concernées recevront donc un petit coup de fil de Carine… Alors, nous n’osons plus parler d’échéancier, mais il n’en tient qu’à vous de concrétiser ce merveilleux projet! À celles qui ont fait parvenir leur texte (et certaines, depuis près d’un an), un gros merci… c’est tout plein d’émotions et d’images touchantes. Merci également à Annie et Carine pour leur précieuse collaboration. Lorsque nous aurons un nombre suffisant de témoignages, un comité de lecture de la maison d’édition passera à travers tout ça et de là, …enfin, nous aurons un verdict! Nous avons reçu seulement deux textes anglais, dans un premier temps, on nous conseille de publier un recueil unilingue français, alors nous sommes à la recherche de quelqu’un qui pourrait en faire la traduction.LA MERE ENTIERELa seule revue de la maternité, de la naissance et de l’allaitement sera disponible dans toutes les maisons de presse et les tabagies du Québec, à partir du 3 octobre 1997. Vous seriez intéressée à pouvoir distribuer la revue La Mère Entière et augmenter vos revenus? Communiquez avec nous pour avoir de plus amples détails.
Rafaëlle ChwaliszewskiFOR ALL OUR ENGLISH MEMBERSWould you like to receive this newsletter in english? If so, we would like to hear from you. We need to know how many members would prefer an english version, so we can evaluate the need. If there is enough interest, we will look into translating it. We would also be interested in publishing articles in english. Please call Lysane Grégoire.AVIS À TOUTESLes personnes intéressées à collaborer à la rédaction de La Bulle Flottante sont priées de communiquer avec Lysane Grégoire.BAZARVeuillez prendre note de l’annulation du bazar prévue pour cet automne en raison de l’impossibilité de réserver le sous-sol de l’église St-Pascal, adjacent à la Maison de Naissance Côte-des-Neiges, aux dates qui nous convenaient. Le prochain bazar devrait donc avoir lieu en juin prochain. Entre temps, vous pouvez toujours aller porter vêtements ou quoique ce soit d’utile aux bébés et à leur maman et dont vous n’avez plus besoin, à la Maison de Naissance. Si vous désirez participer à l’organisation de ce bazar, faites-en part à Nathalie Julien.AVIS – PLAINTENous avons reçu une plainte à l’effet que la liste des membres aurait été utilisée à des fins commerciales. Nous vous rappelons que cette liste a été publiée dans le but de faciliter la formation de comités en région ou pour rejoindre les membres pour des besoins reliés à la mission du Groupe MAMAN. Nous vous prions de bien vouloir vous en tenir à cette utilisation. Si, toutefois vous aviez objection à ce que vos noms et numéro de téléphones soient diffusés auprès des membres, vous n’avez qu’à nous en aviser (la prochaine publication se fera en juin 1998). Merci.LOCATION DE TIRE-LAITSJe loue des tire-laits électriques Egnell-Ameda pour les mamans qui désirent établir ou maintenir une bonne production lactée malgré l’absence (du bébé ou de la mère) ou l’incapacité du bébé à téter. Coût : 3$/jour (10 jours minimum) ou 2$/jour (60 jours minimum). Je suis mère d’un prématuré pour lequel j’ai utilisé un tire-lait électrique, ce qui m’a permis de l’allaiter dès qu’il a été capable de boire au sein. Isabelle LacasseL’INVITATION À RECRUTER DES MEMBRES DANS VOTRE ENTOURAGE TIENT TOUJOURS!Notre bulletin d’inscription peut être reproduit en autant d’exemplaires que vous le désirez! Toute reproduction peut être faite sans aucune autorisation! Profitez-en!