Le grand saut vers l’inconnu

Par Audrey

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Audrey Bassis est une femme courageuse et déterminée qui partage son expérience intense et transformative de l’accouchement dans son témoignage « Le grand saut vers l’inconnu ». Accouchant dans une salle nature avec le soutien de son copain et d’une sage-femme attentive, elle raconte les différentes phases, de la perte des eaux aux contractions de plus en plus intenses, gérées avec des méthodes de médecine alternative. Malgré des moments de doute et de peur, elle trouve la force de continuer grâce à l’encouragement de son entourage. L’arrivée de son fils Ethan, suivie de complications respiratoires, la pousse à puiser dans ses ressources profondes. Sa véritable rencontre avec son fils, le lendemain de l’accouchement, est un moment rempli d’amour et d’émotion. Audrey se rappelle de cette expérience pour se rappeler qu’elle est capable de surmonter les défis avec un peu d’aide et de soutien.

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Pourquoi je souhaite témoigner?
Je veux me rappeler, que dans les moments où je doute de mes capacités, que j’ai mis un merveilleux petit être au monde, seule, mais aidée et soutenue.

Dans un contexte où la seule chose que je savais c’était qu’il allait y avoir un petit être humain à la fin de tout ce périple, je m’estime chanceuse d’avoir pu accoucher dans une salle nature avec des lumières tamisées, le respect de mes choix, le moins d’intervention possible et une sage-femme à l’écoute. Nous étions principalement deux dans la salle la majorité du temps, mon copain et moi.

Mon accouchement : une succession de phases

La première phase, là où tout commence, ce réveil à 6 h pour aller aux toilettes et voir en me levant que j’avais de l’eau partout ! Ce moment de doute : « mais attends, c’est quoi ça ? Je me suis fait pipi dessus ou quoi ? » pour réaliser petit à petit que non, c’était ma poche des eaux qui s’était fissurée. Le chuchotement à l’oreille de mon copain encore endormi « Alex ? Je crois que j’ai perdu les eaux… »

Ce trajet pour aller à l’hôpital, à moitié réveillée, à observer les paysages typiques du sud de la France qui défilaient sous un beau ciel bleu. 40 minutes de trajet. 40 minutes où déjà, à ce moment-là, je flottais dans un autre espace-temps.

Puis il y a eu l’arrivée à l’hôpital, les questionnements sur comment cela allait se passer, l’appréhension aussi, malgré la légèreté et l’insouciance. Je me souviens de cette phase où on est allé chercher des friandises à l’épicerie la plus proche, car l’ouverture du col n’avait pas bougé. J’avais alors dit à mon copain : « Dire que je vais accoucher dans quelques heures et qu’on est là à acheter des kinder maxi ! »

Au retour de nos emplettes, le temps d’attente dans la salle nature, ces heures qui défilent. Le passage de ma sage-femme de temps en temps pour vérifier où j’en étais au niveau de mes contractions et voir où cela en était rendu au niveau de l’ouverture du col. Je me rappelle avoir avalé des centaines de granules d’homéopathie pour accélérer le processus. Je me souviens de la sensation des petites aiguilles d’acupuncture au niveau de mes pieds. J’ai toujours cru à la médecine alternative, mais ce jour-là j’ai vraiment vu instantanément le résultat. Après chaque séance d’acupuncture, les contractions augmentaient de plus belle !

Au tout début des contractions, j’avais naïvement demandé à ma sage-femme : « Mais c’est ça les contractions ? Ça va augmenter ou bien ça va rester comme ça ? » Et sa réponse d’une bienveillance absolue : « Non ma chérie, ça va un peu augmenter ». Oui, légèrement en effet !

Après plus de 10 heures dans la salle, je sentais que je commençais à fatiguer. L’énergie que je pouvais avoir au début commençait à disparaître pour laisser place à de plus en plus de contractions dont l’intensité augmentait crescendo.

Un regard tourné à l‘intérieur de moi

À un certain point, mon attention n’était plus du tout tournée vers l’extérieur. Toutes mes ressources étaient mobilisées pour gérer du mieux possible les contractions. Celles-ci apparaissaient par vague. Entre chaque contraction, j’avais un espace pour souffler et reprendre des forces. Puis cela recommençait, un petit peu plus fort encore. Jusqu’au moment où je n’avais plus aucun espace de repos, les contractions s’enchaînant encore et encore.

Je me souviens de cette dualité avec mon mental qui me criait que je n’allais pas y arriver, que c’était trop dur, que j’allais mourir tellement les douleurs étaient fortes. Et, d’un autre côté, mon corps qui lui savait très bien quoi faire. Je n’avais aucun contrôle, sur rien. Je me contentais de suivre les directives de ma sage-femme qui me disait de pousser ou bien d’arrêter pour éviter une déchirure. Je n’avais pas souhaité d’épidurale et, malgré la douleur, je n’y ai pas pensé une seule fois ! Par contre, à de nombreuses reprises, j’ai pensé à la césarienne ! Je me croyais incapable de pouvoir donner encore plus quand déjà je n’avais plus aucune force.

Avec du recul, je réalise la force d’être accompagnée, soutenue, coachée, encouragée. Seule, sans une guide à mes côtés qui savait ce qu’elle faisait et sans la présence de mon conjoint, je ne sais pas si j’y serais arrivée ! Cela m’a demandé d’aller puiser dans des ressources insoupçonnées. Je crois que c’est à ce moment-là que j’ai compris ce que voulait dire « la puissance de la femme ».

L’arrivée : de la douceur à la peur

L’arrivée de notre petit garçon s’est faite paradoxalement en douceur malgré la puissance et la violence de l’accouchement. J’ai eu ce sentiment que c’était les dernières miettes d’énergie qui me restaient qui ont permis son arrivée in extremis.

Une fois Ethan arrivé, les choses se sont un peu compliquées. Ses alvéoles n’étaient pas encore bien formées ce qui a occasionné une détresse respiratoire. Je me souviens que ma sage-femme l’a mis sur mon ventre quelques secondes, mais j’étais tellement faible que j’étais à peine consciente. Par la suite, tout s’est enchaîné, l’arrivée des médecins, les explications, la décision de l’amener dans un hôpital plus spécialisé, celle où je ne pourrais pas le suivre à cause de mon état, l’incertitude de ce qu’il allait advenir, la peur…

Mon conjoint a accompagné notre fils et a pu passer la nuit assis à côté de lui. J’ai passé la nuit seule dans la chambre de l’hôpital dans lequel j’avais accouché. Je me souviens de mon cœur de maman meurtri de ne pas pouvoir être auprès de mon bébé, du corps médical qui ne semblait pas comprendre l’importance que j’aille le rejoindre rapidement, de la décharge que j’ai dû signer pour quitter l’hôpital. J’ai accouché à 2 h 31, le lendemain à 16 h je sortais et je prenais le taxi pour aller rencontrer ce nouveau petit être.

La Beauté de la rencontre et de la Vie

La vraie rencontre ne s’est donc pas faite le jour de l’accouchement. Elle s’est faite le lendemain. Mon arrivée en service de néonatalité à chercher la salle où mon conjoint et mon fils se trouvaient, cette sensation encore de me dépasser malgré mon épuisement et mes douleurs post-accouchement grâce à cet amour et cet appel maternel. Cette pensée que mon fils ne pouvait pas être loin de moi une minute de plus. Puis cette image, celle de notre petit bébé, le voir, le ressentir, le toucher, le prendre dans mes bras pour la première fois. J’ai tellement pleuré, pleuré d’Amour devant tant de Beauté.

L’accouchement pour moi ça a été un tout. Un mélange d’émotions entremêlées, un dépassement de soi insoupçonné, un moment hors temps où malgré le fait d’avoir été entourée, c’était principalement moi avec moi-même. Moi et mes peurs, moi et mes ressources, moi et mes croyances, moi et mes doutes, moi et mes espoirs.

Je me souhaite de me rappeler, dans les moments où je doute de mes capacités, que j’ai mis un merveilleux petit être au monde. Est-ce que je l’ai fait seule ? Oui. Est-ce que j’ai été aidée et soutenue pour mobiliser toutes mes capacités ? Oui. L’accouchement m’a prouvé que dans la vie on est capable de tout, parfois on a juste besoin d’un peu d’aide.

Biographie
Audrey Bassis est une intervenante psychosociale, maman d’Ethan et amoureuse d’Alexandre.

Publication du récit

10 juillet 2024

Année d'accouchement(s)

2021

Mots clés

Citation

Audrey (2024, 02 octobre). Le grand saut vers l’inconnu. Du cœur au ventre - Mouvement pour l'autonomie dans l'enfantement. https://enfantement.org/ducoeurauventre/recits/hopital/le-grand-saut-vers-linconnu/

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