Récit de naissance pour Emrys

Par Anne

recit01

Anne Sergent relate la naissance de son troisième enfant, Emrys, survenue le 22 décembre 2021. En raison de la pandémie et d’un test positif à la COVID-19 pour toute la famille, elle opte pour un accouchement non assisté à domicile. Malgré l’appréhension initiale de son mari, Anne reste confiante. Le travail commence à 41 semaines et 1 jour de grossesse. Les contractions s’intensifient rapidement, et Emrys naît dans la baignoire à 16h10, en présence de son père et de ses frères, Jasmin et Charlie. L’accouchement se déroule sans complication, avec le placenta délivré naturellement. Anne exprime sa gratitude pour cette expérience qu’elle qualifie de merveilleuse, malgré les circonstances inhabituelles.

Partagez

Pourquoi je souhaite témoigner?
Je veux témoigner pour partager le bonheur d’un accouchement non assisté qui nous a permis d’accueillir notre Emrys en famille malgré un virus qui bouleverse nos plans.

Mon adorable bébé,

Nous avons eu la joie de t’accueillir dans notre famille. C’est un grand bonheur que j’attendais depuis plusieurs années. Tu apportes aussi de l’espoir en ces temps particuliers où on ne parle que d’un virus qui met à mal notre humanité. Voici le récit de ta naissance si spéciale et magnifique !

En septembre, je me suis inscrite à un groupe inspirant d’ANA (accouchement non assisté), au cas où les mesures dégénèrent en « accouchement à domicile impossible », ou en « papa ne peut plus être présent à ta naissance », par exemple…

Très bonne idée !

Le 14 décembre 2021, je suis à 40 semaines d’aménorrhée et ton frère Jasmin obtient un test positif à la c****. Puis ton autre frère, Charlie, papa et finalement moi-même. À partir de là, nos sages-femmes ne peuvent plus être présentes pour ta naissance, sauf si je vais jusqu’à 42 SA, ce qui n’est pas vraiment mon souhait (autres questionnements, décisions, tests, hôpital… 1er bébé à 41 SA+6, 2ème bébé à 41 SA+4, j’ai l’espoir que tu arrives avant 42 SA !). Donc on discute des différents scénarios, ANA ou hôpital, il n’y en a pas mille. Je veux accoucher chez moi, en présence de ton papa et de tes frères si ça les tente toujours. L’hôpital serait une possibilité si je devenais vraiment trop malade (ou papa) ou en cas d’urgence. Notre sage-femme n’est pas surprise par notre choix et nous soutient, elle outille un minimum Ianick qui est assez stressé et ne pense qu’aux risques et aux conséquences possibles… Une semaine pour se préparer à un ANA, c’est peu !

Nos amies Julie et Alice se partagent la garde. Elles sont prêtes à venir chez nous comme doula, pour nous aider avec tes frères, et offrir à ton papa la possibilité de parler à une adulte autre que moi s’il a besoin. Moi, j’ai surtout besoin qu’on me laisse accoucher tranquille. Je suis très confiante. J’ai eu deux belles expériences avec tes grands frères et j’ai assisté à beaucoup de naissances, je suis dans mon élément. Nous sommes peu malades : légers symptômes grippaux, pas de fièvre ni de toux. Le plus difficile est de gérer l’énergie des deux grands qui sont déjà guéris ! L’appartement est petit et notre patience s’est épuisée avec ces événements. Je me concentre sur mon corps et mon énergie pendant que Ianick s’occupe de tout le reste.

Ça fait un moment déjà que je dis que j’aimerais que tu arrives le 21, j’aime cette date ! Le solstice. Mais le 21, je n’ai pas dormi de la nuit à cause d’un terrible mal de dos. Je craque. C’est assez, je peux être forte pour deux, rester positive malgré tout, mais si mon corps me lâche, ça ne marche plus. Journée intense en émotions et en discussions avec Ianick. Je me sens seule à y croire. Il pense aux risques, mais ne visualise pas de scénario positif. Bref, une journée pour lâcher prise encore un peu plus, si c’est possible !

Le 22 décembre, à 5 h du matin, après une nuit entrecoupée de lever pour aller aux toilettes, je perds le bouchon muqueux ! Waow, à 41SA+1 ça bouge tout seul, sans stimulation, une grande première ! C’était un de mes questionnements : quand et comment mon corps allait entrer en travail tout seul ? Bon, je ne m’emballe pas non plus, ce n’est que le bouchon muqueux, c’est le jour (« d’habitude » j’accouche de nuit), il y a des chances pour que ces crampettes s’arrêtent. J’alterne entre repos (j’ai la c**** quand même !) et activités toute la matinée. Je n’ai pas d’appétit le midi.

Ça a l’air de vouloir embarquer.
Vers 14 h, je vais dans le bain (on n’a jamais calculé les contractions ni trop regardé l’heure pendant le travail). Ton papa prévient Alice que c’est commencé, je lui parle au téléphone en faisant de petites pauses pendant les contractions. On la rappellera quand je sortirai du bain. Mon col travaille très bien, j’aime m’examiner et aller à ta rencontre. Au bout d’une heure, je sors pour voir si ça serait plus confortable sur la toilette ou sur le lit. Les contractions se sont vraiment intensifiées et je n’ai pas assez de doigts pour mesurer l’ouverture de mon col ! À un moment, je me dis que je suis folle, que c’est fou, et je comprends où j’en suis. Je me rapproche de notre rencontre. On rappelle Alice, je ne suis plus capable d’écouter. C’est le premier accouchement où j’ai besoin des mains de Ianick à chaque contraction, c’est très intense. Elle n’est plus disponible, on appellera Julie. Les enfants comprennent que c’est pour aujourd’hui et sont très aidants (même s’ils trouvent que rajouter de l’eau pour le bain, c’est exagéré !). J’y retourne, car c’est l’endroit où les contractions sont le plus « supportables ». Julie est arrivée et joue avec les enfants. Il est proche de 16 h.

Une fois dans la baignoire, ben ça pousse !
Je sens la poche sous mes doigts, j’essaie de la percer, car je trouve la pression énorme. Elle continue d’avancer avec ta tête juste en dessous, je ne la sentirais pas éclater. J’ai l’impression de hurler, je dois pousser 4 ou 5 fois pour que ta tête passe, c’est très, très, très intense. Je décris tout à mon chéri qui est derrière moi. Je te sens, mon bébé, commencer ta rotation, et je pousse en même temps. Tu tournes ! Ta tête naît ! Puis tes bras. Petite pause. Je dis à Ianick d’appeler tes frères, lui est dans un état second et n’y pensait plus. Nos grands arrivent et voient la suite de ton corps naître. Il est 16 h 10 (merci Julie). Tu as les yeux ouverts. J’approche ton visage doucement à la surface de l’eau, tu es calme, rose, avec une circulaire et une bandoulière pas évidentes à défaire dans ma position ! Tu te mets tranquillement à respirer et à crachoter, collé contre moi. Charlie s’exclame « il est exactement comme je l’imaginais, sauf le beurre…! ». Ton dos est couvert de vernix, tu es notre premier bébé à en avoir. Jasmin est tombé immédiatement en amour avec toi ! Après quelques photos je suis escortée jusqu’à mon lit, je me sens très bien, je pense au placenta. Jasmin et Charlie préparent une assiette de fruits avec Julie, ils avaient très hâte de la faire et s’étaient même « entraînés » ! On te découvre, tu découvres le sein. Je ne sens plus aucune contraction, je saigne normalement. Au bout d’une demi-heure, j’essaie de faire naître le placenta, mais ce n’est pas pour tout de suite. Puis à 17 h 5, j’y arrive en poussant assez fort et en regardant dans un miroir : il était décroché, mais je n’avais pas de sensations. Je saigne un peu, mais je sais que c’est correct. Je vais me doucher, aidée par ma chère amie, pendant que Ianick fait du peau à peau avec toi, belle merveille.

Une heure après ta naissance, ma sage-femme me texte, car elle finit sa garde et pense à nous. On la surprendra avec la belle nouvelle !

Plus tard, je laverai le placenta. J’ai décidé de le garder pour la nuit afin que le cordon sèche avant de le couper. Tu profiteras de ce moment pour faire ton premier caca dans les bras de ton papa, baptisé ! Le lendemain, on brûlera le cordon déjà très sec entre toi et ton placenta, puis on le coupera, car le bout brûlé nous semblait gros et irritant.

Notre deuxième sage-femme viendra nous visiter le cinquième jour (fin de notre isolement). J’étais très contente d’apprendre que mes lacérations et ma petite déchirure ne nécessitaient pas de points !

Voilà, malgré la tourmente dans la semaine précédant ta naissance, ce fut un merveilleux accouchement ! Je n’aurais pu rêver mieux… Nous sommes très heureux de la façon dont nous t’avons accueilli. Merci à toi, Emrys ! Merci la vie !

Anne Sergent, maman de Jasmin, Charlie et Emrys.

Biographie
Anne Sergent est la maman de Jasmin, Charlie et Emrys.

Publication du récit

10 juillet 2024

Année d'accouchement(s)

2021

Citation

Sergent, A. (2024, 03 octobre). Récit de naissance pour Emrys. Du cœur au ventre - Mouvement pour l'autonomie dans l'enfantement. https://enfantement.org/ducoeurauventre/recits/a-la-maison/recit-de-naissance-pour-emrys/

Localisation du récit

Récits à découvrir

Création Web

Photographies

Skip to content