Un AVAC réparateur

Par Érika

Un AVAC réparateur

Pour Érika, la première grossesse s’accompagne d’un suivi médical classique et d’une approche plutôt détachée de l’accouchement. Mais au fil des mois, l’intérêt grandit… jusqu’à ce que tout bascule. En pleine pandémie, un bébé en siège détecté trop tard mène à une césarienne imposée, sans réelle discussion. L’expérience laisse un sentiment d’impuissance et de frustration.

Déterminée à vivre un accouchement différent, Érika se prépare intensément pour la naissance de son deuxième enfant. Recherche, anticipation, choix éclairés… Lorsque le travail commence enfin, elle est prête. Cette fois, l’expérience lui appartient pleinement.

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Pourquoi je souhaite témoigner?
Alors que je cherchais des réponses après mon premier accouchement, j’ai trouvé énormément de réconfort en lisant et en écoutant des récits d’accouchement de toutes sortes, parfois loin du scénario «normal» qu’on voit souvent. J’espère que d’autres sauront se reconnaître dans le mien et y trouveront le courage de s’approprier leur enfantement.

Mon récit commence avec ma première grossesse. J’ai toujours voulu des enfants, mais, évoluant dans un univers majoritairement masculin et sans enfants, je repousse le projet pendant des années par peur de ne pas me sentir à ma place dans l’univers ultra féminin de la maternité.

Lorsque je tombe finalement enceinte, j’opte pour un suivi médical classique et je me laisse guider par les professionnel.les, voyant la grossesse et l’accouchement plus comme un mal nécessaire qu’une fin en soi.

Contre toute attente, au fil de la grossesse, j’y prends goût, je gagne en confiance et je commence à avoir hâte de vivre mon accouchement.

Mais voilà: on est en période COVID, un rendez-vous sur deux est par téléphone et même les rendez-vous en personne sont expéditifs. Certains examens sont faits par une infirmière suppléante sans expérience en obstétrique. Dans ce contexte, personne ne voit que mon bébé est en siège avant 38,2SA. J’avais pourtant à plusieurs reprises partagé mes craintes par rapport à la position du bébé, sans qu’on m’écoute.

Là, tout déboule. On planifie une version en urgence, mais les chances de succès sont très faibles. Lorsqu’elle échoue, je dois immédiatement signer le consentement à une césarienne programmée sans aucune explication ou discussion sur la possibilité d’essayer un accouchement vaginal en siège et sans pouvoir poser des questions ou exprimer mes souhaits de naissance.

À l’hôpital, lorsque je demande à qui je dois montrer mon plan de naissance, rédigé spécialement en vue d’une césarienne, on me répond que c’est inutile. Ma demande de baisser le champ opératoire est ignorée et mon bébé naît sans même que je sois avisée. Je l’entrevois quelques secondes, puis il est emmené à l’autre bout de la pièce pour recevoir des soins. Quand je peux enfin le voir, je suis complètement dans les vapes et j’ai l’impression d’avoir raté sa naissance.

Dans les mois qui suivent, je vis très mal le sentiment d’avoir été complètement écartée de mon accouchement. Je veux un deuxième enfant, mais on me décourage sur mes chances d’avoir un AVAC (Accouchement vaginal après césarienne) puisqu’il faudrait un travail spontané sans dépassement de terme et un bébé pas trop gros. Or, j’ai eu un gros bébé et mon col était peu favorable. Je suis anéantie.

Pendant cette période, je commence à m’intéresser à l’accouchement physiologique. Je lis le livre «Une autre césarienne ou un AVAC» de Hélène Vadeboncoeur, je rejoins le groupe AV-AC sur Facebook, je suis plusieurs doulas sur les réseaux sociaux et je consulte plein de récits de naissance, qui me donnent du courage et m’aident à me préparer à toutes sortes de scénarios.

Après un an d’essais, me voilà à nouveau enceinte et je sais ce que je veux: un accouchement en maison de naissance. J’ai écarté l’accouchement à domicile pour des raisons pratiques alors ça me semble être l’alternative idéale à l’hôpital. J’obtiens rapidement une place, mais comme je suis porteuse d’une anomalie sanguine (facteur V Leiden), un.e médecin doit confirmer mon éligibilité. Déterminée à ne rien laisser au hasard, j’arrive armée des directives cliniques de la SOGC (Société des obstétriciens et gynécologues du Canada), où j’ai surligné tous les passages qui attestent que je n’ai pas besoin de suivi médical. J’ai gain de cause et je peux poursuivre le suivi avec ma sage-femme. Je suis alors à 20SA.

Le soulagement est de courte durée. À 22SA, j’apprends que mon taux de PAPP-A (pregnancy-associated plasma protein A ; une glycoprotéine d’origine placentaire) est trop bas, ce qui est associé, notamment, à un risque accru de RCIU (Retard de croissance intra-utérin). Je dois attendre 32 semaines pour avoir une échographie qui, heureusement, confirme que la croissance est normale… mais que mon bébé est encore en siège.

J’aurais aimé dire que je suis sereine et en paix avec toute éventualité, mais la réalité est que je suis plutôt dans l’hypervigilance. Je peux dire exactement dans quelle position bébé se trouve à tout moment et je sais que ça fait 4 semaines que mon bébé ne s’est pas tourné. Désespérée, j’essaie absolument tout: ostéo, chiro, acupuncture, yoga et tous les trucs de grand-mère imaginables. Bébé se retourne finalement à 32,4 semaines… pendant que j’écoute la télé. Coïncidence ou fruit de mes efforts? Impossible à dire, mais au moins je sais que j’ai tout essayé cette fois.

Pendant quelques semaines, je peux enfin souffler un peu et me concentrer sur la préparation à l’accouchement. À 40 semaines, je commence à craindre un dépassement de terme. Même si mon col est plutôt favorable, il n’est pas encore très ouvert et je n’ai aucun signe de travail. Je demande donc un stripping (balayage des membranes). J’ai des petites contractions dans les heures qui suivent, mais c’est seulement le lendemain vers 23h30 que les contractions commencent vraiment.

Je n’arrive pas à dormir alors je prends un bain et j’essaie plusieurs positions. Au fil des heures, les contractions se rapprochent et s’allongent, mais elles ne sont pas tout à fait régulières alors j’hésite à me rendre à la maison de naissance. J’appelle ma doula, qui arrive vers 5h. Elle me dit que je semble être en travail actif alors on prend la décision de se rendre à la maison de naissance malgré l’irrégularité des contractions. Ma mère arrive pour garder mon fils et on se met en route.

À mon arrivée à 7h, mon col est à 5+, effacé à 90%. Quel soulagement! Je prends un bain et lorsqu’on m’examine à nouveau, je suis déjà à 7+. On m’avait prévenue de ne pas accorder trop d’importance aux chiffres, mais je réalise que pour moi, ça me motive énormément. C’est à ce moment que je commence vraiment à croire que je vais réussir mon AVAC.

Les contractions deviennent très intenses, presque sans répit. Puis, je commence à grogner et à pousser sans m’en rendre compte. On m’examine et je suis à 10! J’avais envisagé de retourner dans le bain, mais à ce stade, me déplacer me semble surhumain alors je m’installe plutôt à quatre pattes, appuyée sur un ballon. La poussée est la seule étape qui me paraît longue. Je commence à manquer de force et j’ai peur de ne pas pousser efficacement, mais l’équipe m’encourage. Au bout d’1h15, je sens enfin la tête sortir, puis une main. Une dernière poussée et mon bébé est là!

Je prends ma fille sur moi immédiatement et je peux savourer ce moment sans presse! Je suis en transe, plus rien n’existe à part mon bébé. Je suis étonnée d’apprendre que j’ai une déchirure au 2e degré parce que dans l’intensité du moment, je n’ai rien senti.

J’ai eu la chance de vivre le travail actif dans la lumière radieuse du matin. J’avais choisi la chambre la plus lumineuse et laissé les rideaux ouverts. Quel contraste entre cette lumière magnifique et les néons d’un bloc opératoire!

Pour moi, cet accouchement a été parfait, au-delà de mes espérances. J’ai eu de la chance que le travail se déroule sans complications et plutôt rapidement, mais je crois que toute ma préparation et l’accompagnement incroyable que j’ai eu y sont aussi pour quelque chose. J’étais tellement mieux outillée qu’à mon premier et cette fois, je peux vraiment dire que je n’ai aucun regret!

Biographie
Érika est une mère de deux enfants, a priori plutôt cartésienne et sans intérêt ou connaissances en périnatalité. À travers deux expériences de grossesse et d’accouchement radicalement différentes, elle apprend à mieux se connaître et découvre une passion insoupçonnée pour l’enfantement.

Publication du récit

2 avril 2025

Année d'accouchement(s)

2021 et 2024

Ressources

Un livre à consulter si vous avez un projet d'AVAC (Accouchement vaginal après césarienne)

Livre : Une autre césarienne ou un AVAC de Hélène Vadeboncoeur

Un groupe Facebook de soutien pour les AVAC (Accouchement vaginal après césarienne)

Groupe Facebook : AV-AC

Citation

Érika (2025, 08 mai). Un AVAC réparateur. Du cœur au ventre - Mouvement pour l'autonomie dans l'enfantement. https://enfantement.org/ducoeurauventre/recits/maison-de-naissance/un-avac-reparateur/

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